Origine et expansion du charançon rouge
Le charançon rouge du palmier est probablement originaire de l’Inde méridionale. C’est une espèce typiquement diffuse en Asie du sud orientale. Il y a en effet causé des dommages considérables aux plantations de cocotiers (Wattanapongsiri, dans les Philippines, en 1966).
Dans les années 1980, il a été signalé, en Arabie saoudite, dans les Émirats arabes unis et dans le sultanat d’Oman. Puis, il s’est rapidement répandu dans l’ensemble du Moyen-Orient dans les années 1990. Il a alors en effet infesté des palmiers en Iran, Égypte, Jordanie, Israël et dans les territoires palestiniens.
Il s’est ensuite propagé à l’Europe, plus précisément en Italie, via l’Égypte. A cause du commerce de palmiers ornementaux entre les deux pays, il a ensuite infesté le sud de l’Espagne en 1994, et peu de temps après la France. Les consignes phytosanitaires de quarantaines n’ont en effet pas toujours été respectées, profit oblige. Normalement, chaque palmier prévu pour l’exportation doit effectivement être mis en quarantaine un an chez son fournisseur, puis à nouveau un an chez son revendeur.
L’expansion du charançon rouge suscite des inquiétudes en France dès 2006 :
Toutes les communes littorales ainsi que les professionnels de la filière sont mobilisés dans la lutte contre cette invasion (Source LE PALMIER N° 49, décembre 2006).
Une nouvelle infestation, probablement originaire de France, a été repérée l’année suivante à Bordighera, ville italienne située près de la frontière française, au bord de la Méditerranée. Elle révéla la nécessité d’avoir une démarche globale et coordonnée, mise en oeuvre par des professionnels, pour éradiquer ce fléau :
Cette prolifération suscite des inquiétudes et nécessite la mise en œuvre de procédures radicales pour éviter l’infestation des quelques 50.000 palmiers recensés entre une partie du Var et des Alpes maritimes (Source Nice Matin du 9 novembre 2007).
Caractéristiques du charançon rouge
Le Rhynchophorus ferrugineus, son nom scientifique, est un coléoptère appartenant à la famille des Curculionidae et à la sous-famille des Rhynchophorinae.
L’adulte (imago) mesure en moyenne 35mm de long et 12mm de large. Il est brun-rouge et a un long rostre incurvé. La tête et le rostre représentent 1/3 de la longueur.

Un charançon rouge adulte – taille réelle environ 12 x 35 mm
Le ventre du rostre est brun-noir et son dos brun-rouge. Chez les mâles, il présente sur une partie de sa face supérieure un feutrage brun. Celui des femelles est quant à lui glabre, plus fin, plus incurvé et légèrement plus long.
Les yeux sont noirs et se situent de part et d’autre de la base du rostre.
Le pronotum est brun-rouge avec quelques points noirs de tailles et formes variables. Les élytres sont rouges sombres, fortement nervurées longitudinalement et ne recouvrent pas complètement l’abdomen.
Pour finir, ses ailes sont brunes et permettent aux charançons adultes de voler sur de longues distances, ce qui facilite son expansion.
Ses œufs et ses larves
Les œufs du charançon rouges sont blancs crèmes et ovales. Ils mesurent environ 3 mm de long et 1 mm de large.

Un œuf de charançon
Ces larves sont quant à elle de couleur brune-jaune, apodes et ont une partie céphalique brune foncée. Elles mesurent environ 50 mm de long et 20 mm de large. Les mandibules sont fortement développées et chitinisées :

Une larve de charançon rouge
Le développement du charançon rouge
La totalité du cycle de développement de ce ravageur se déroule en environ 4 mois dans les palmes ou le tronc du palmier.

Les différents stades de développement du charançon
Les femelles pondent 200 à 300 œufs à la base des jeunes palmes ou dans des blessures sur les palmes et les troncs.
Les œufs éclosent 2 à 5 jours après. Les larves se nourrissent alors des tissus vasculaires en forant l’intérieur des palmes et du stipe. Ce stade larvaire dure 1 à 3 mois.
Puis les larves se nymphosent dans des cocons constitués de fibres végétales. Enfin, les adultes émergent alors au bout de 14 à 21 jours.
Les palmiers ravagés par le charançon
Le palmier phoenix est l’espèce sur laquelle le charançon rouge cause les dommages économiques les plus importants.

Un palmier phoenix menacé par le charançon rouge
Mais il s’attaque aussi à de nombreux Arecaceae. Entre autres : les Areca catechu, Arenga pinnata, Borassus flabellifer, Brahea armata, Butia capitata, Calamus merillii, Caryota maxima, Caryota cumingii, Chamaerops humilis, Cocos nucifera, Corypha gebanga, Corypha elata, Elaeis guineensis, Livistona australis, Livistona decipiens, Metroxylon sagu, Oreodoxa regia, Phoenix canariensis, Phoenix dactylifera, Phoenix theophrasti, Phoenix sylvestris, Sabal umbraculifera, Trachycarpus fortunei et Washingtonia spp.
Les symptômes de l’infestation du palmier
Les palmiers fortement attaqués perdent la totalité de leurs palmes et le pourrissement des troncs aboutit à leur mort.

Un palmier infesté
Malheureusement, les premiers symptômes n’apparaissent que bien après le début de l’infestation !
Les moyens de traitement
La détection
La mise en place d’un système de piégeage et son contrôle rigoureux permet de détecter la présence du charançon.

Un piège à charançon
Dès cette détection il faut agir rapidement dans le secteur infesté et coordonner les traitements dans les secteurs avoisinant. Pour cela il est très important de sensibiliser le voisinage lorsque l’on découvre la présence de ce coléoptère
L’observation régulière du feuillage permet aussi de détecter les premières attaques. Des palmes découpées sont par exemple un signe d’infestation.

Un signe d’infestation : des palmes découpées
Les traitements préventifs
A ce jour, les traitements préventifs sont chimiques.
Ils consistent à pulvériser au cœur du palmier une bouillie insecticide et fongicide. La réalisation de fenêtre dans le feuillage est parfois nécessaire pour mieux surveiller le bourgeon terminal lors du traitement.
Ces traitements ne dispensent pas d’une observation régulière et rigoureuse.
Les traitements curatifs
La lutte curative utilise une méthode d’assainissement bien particulière. Elle consiste à effeuiller sévèrement les sujets contaminés pour éliminer un maximum de larves et ainsi éviter la multiplication des individus. Cette effeuillage permet également un meilleur contrôle visuel.

L’assainissement d’un palmier
Si un sujet est trop fortement atteint, il est malheureusement préférable de l’abattre !
L’assainissement, réalisé à temps, est la méthode qui permet de sauver le plus de palmiers. Mais des charançons provenant de palmiers voisins infestés, car non contrôlés et non traités, peuvent évidemment les ré-infester.
C’est pourquoi un suivi et des traitements de prévention restent indispensables !